Nuit du 06 au 07 octobre 2013.
Remis le génois, plus grand
voile. Vent 12-15 nœuds. Toujours de la houle qui déferle par moment en tapant
violement les flans de DIONYSOS, et nous dedans.
Petite réparation de la bosse du
2ème ris qui s’est abimée par un raguage important.
Réparation de fortune |
20 heures, le soleil commence à
s’enfoncer dans l’océan, nous sommes tranquillement installés dansle cockpit,
sous la capote pour s’abriter du vent qui commence à ne pas être chaud.
Nous entendons clairement une
voie proche nous héler distinctement. « HOO, HOO ! »
Qu’est-ce ? Les sirènes de
la mythologie nous appelleraient-elles pour nous naufrager si loin de nos côtes
de Méditerranée ?
Un rapide coup d’œil sur bâbord,
et nous apercevons une petite barque de pêche bondissant sur la crête des
vagues, à une cinquantaine de mètres de nous, 2 personnes maniant cette frêle
embarcation, penchées par-dessus bord en train de mettre à l’eau leurs filets.
Le radar ne nous avait pas
signalé ni vu cette petite barque de 5-6 mètres de couleur qui avait du être rouge il
y a bien longtemps, à plus de 50
miles des côtes, dans une mer qui la faisait disparaitre
plus de la moitié du temps.
D’un geste d’excuse nous leur
avons demandé si tout allait bien. Ils ont répondu par un signe de la main et
ont continué leur labeur.
Faut-il que ces gens soient
tellement inconscients pour être si loin de leur terre sur une si petite barque
dans une mer si mauvaise pour eux, ou faut-il qu’ils soient vraiment obligés
d’être là pour faire vivre leur famille ?
Cette rencontre nous a laissé une
drôle de sensation.
Nous changeons les heures de quart. 4 heures d’affilé, c’est vraiment trop long.
Nous nous remplaçons donc toutes
les 2 heures, 22-00h, 00-02h, 02-04h, 04-06h, 06-08h.
A 8 heures le soleil se lève et
nous déjeunons.
La nuit a été entrecoupée de
moment d’angoisse lorsque nous avons vu à 3 heures du matin, puis à 5 heures
des feux clignotants qui nous barraient le passage. Ces feux signalent la
présence de filets dérivants. Bien sûr aucun écho radar, pas plus qu’à l’AIS.
Nous affichons un cap de +40° au
pilote automatique, et évitons ce piège. Nous suivrons ce nouveau cap pendant 1
heure.
Les filets étaient tendus à plus
de 100 miles
des côtes, certainement des filets à thons positionnés sur les grands tombants
du plateau continental de cette côte d’Afrique ou les fonds atteignent
rapidement les 3000
mètres .
En définitive, je me demande s’il
ne vaut pas mieux la nuit côtoyer les cargos et paquebots plutôt que les
pêcheurs non signalés et qui barrent les passages avec leurs engins sans être
signalés.
Au petit matin tous ce monde de
la nuit et de la pêche a disparu. Nous ne retrouvons que les cargos dont nous
avons de moins en moins peur. Ils sont identifiés par l’AIS, leur cap et leur
vitesse affichée, il ne reste plus qu’à faire le calcul sur un risque
collision.
Les nuits sont vraiment
angoissantes dans cette partie de l’océan.
Le jour tout est plus calme.
Dans la soirée du 07 octobre, le
vent commence à monter, passant rapidement de 5-10 nœuds à près de 20 nœuds. Et
évidement, la houle qui va avec monte aussi.
Nous prenons le 3ème
ris dans la grand voile et enroulons le foc à 2.
Le repas sera rapide et
acrobatique. DIONYSOS garde sereinement son cap, même si, par moments une vague
contestataire ne suivant pas la même direction que ses consœurs vagues, frappe
la poupe du bateau lui faisant faire une violente embardée, vite reprise par le
pilote automatique qui, jusqu’à présent barre sans défaillance.
Et bien sur la houle monte.
Annoncée à 1.80m certaines vagues dépassent allègrement les 3.
A chaque fois DIONYSOS escalade
ces montagnes liquides, pour redescendre lourdement celles-ci passées.
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