samedi 12 octobre 2013

Une rencontre improbable


Nuit du 06 au 07 octobre 2013.
Remis le génois, plus grand voile. Vent 12-15 nœuds. Toujours de la houle qui déferle par moment en tapant violement les flans de DIONYSOS, et nous dedans.
Petite réparation de la bosse du 2ème ris qui s’est abimée par un raguage important. 

Réparation de fortune

20 heures, le soleil commence à s’enfoncer dans l’océan, nous sommes tranquillement installés dansle cockpit, sous la capote pour s’abriter du vent qui commence à ne pas être chaud.
Nous entendons clairement une voie proche nous héler distinctement. « HOO, HOO ! »
Qu’est-ce ? Les sirènes de la mythologie nous appelleraient-elles pour nous naufrager si loin de nos côtes de Méditerranée ?
Un rapide coup d’œil sur bâbord, et nous apercevons une petite barque de pêche bondissant sur la crête des vagues, à une cinquantaine de mètres de nous, 2 personnes maniant cette frêle embarcation, penchées par-dessus bord en train de mettre à l’eau leurs filets.
Le radar ne nous avait pas signalé ni vu cette petite barque de 5-6 mètres de couleur qui avait du être rouge il y a bien longtemps, à plus de 50 miles des côtes, dans une mer qui la faisait disparaitre plus de la moitié du temps. 
D’un geste d’excuse nous leur avons demandé si tout allait bien. Ils ont répondu par un signe de la main et ont continué leur labeur.
Faut-il que ces gens soient tellement inconscients pour être si loin de leur terre sur une si petite barque dans une mer si mauvaise pour eux, ou faut-il qu’ils soient vraiment obligés d’être là pour faire vivre leur famille ?
Cette rencontre nous a laissé une drôle de sensation. 

Coucher de soleil

Le même coucher de soleil, mais un peu plus tard





 








Nous changeons les heures de quart. 4 heures d’affilé, c’est vraiment trop long.
Nous nous remplaçons donc toutes les 2 heures, 22-00h, 00-02h, 02-04h, 04-06h, 06-08h.
A 8 heures le soleil se lève et nous déjeunons.
La nuit a été entrecoupée de moment d’angoisse lorsque nous avons vu à 3 heures du matin, puis à 5 heures des feux clignotants qui nous barraient le passage. Ces feux signalent la présence de filets dérivants. Bien sûr aucun écho radar, pas plus qu’à l’AIS.
Nous affichons un cap de +40° au pilote automatique, et évitons ce piège. Nous suivrons ce nouveau cap pendant 1 heure.
Les filets étaient tendus à plus de 100 miles des côtes, certainement des filets à thons positionnés sur les grands tombants du plateau continental de cette côte d’Afrique ou les fonds atteignent rapidement les 3000 mètres.
En définitive, je me demande s’il ne vaut pas mieux la nuit côtoyer les cargos et paquebots plutôt que les pêcheurs non signalés et qui barrent les passages avec leurs engins sans être signalés.
Au petit matin tous ce monde de la nuit et de la pêche a disparu. Nous ne retrouvons que les cargos dont nous avons de moins en moins peur. Ils sont identifiés par l’AIS, leur cap et leur vitesse affichée, il ne reste plus qu’à faire le calcul sur un risque collision.
Les nuits sont vraiment angoissantes dans cette partie de l’océan.
Le jour tout est plus calme.
Dans la soirée du 07 octobre, le vent commence à monter, passant rapidement de 5-10 nœuds à près de 20 nœuds. Et évidement, la houle qui va avec monte aussi.
Nous prenons le 3ème ris dans la grand voile et enroulons le foc à 2.
Le repas sera rapide et acrobatique. DIONYSOS garde sereinement son cap, même si, par moments une vague contestataire ne suivant pas la même direction que ses consœurs vagues, frappe la poupe du bateau lui faisant faire une violente embardée, vite reprise par le pilote automatique qui, jusqu’à présent barre sans défaillance.
Et bien sur la houle monte. Annoncée à 1.80m certaines vagues dépassent allègrement les 3.
A chaque fois DIONYSOS escalade ces montagnes liquides, pour redescendre lourdement celles-ci passées.

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