jeudi 19 décembre 2013

La transat 1ère partie



Samedi 30 novembre 2013.
Le départ de la transat.
Derniers préparatifs, derniers contrôles.
Le plein d’eau douce est complété ainsi que celui du gasoil, le pain frais est acheté, DIONYSOS est prêt à prendre la mer.
Nous passerons le dernier repas de midi au Cap Vert avec Loulou, Françoise et ses deux équipiers de transat à notre cantine préférée, le bar Boavista.
Les aurevoirs sont rapides, chacun est déjà dans son voyage, chacun est impatient de prendre la mer, l’escale Capverdienne a assez durée, maintenant il faut y aller.
15 heures, les amarres sont larguées, la sortie de la baie se fait en compagnie de SKREO, le FEELING 10.90 de Loulou et Françoise qui se dirigent vers la Guadeloupe.


A son habitude, le vent est accéléré entre les iles de Sao Vicente et Sao Antaao. Nous franchissons le canal de Sao Vicente sous grand voile haute et génois.
Cap au 280°, vers l’ouest.
Puis le vent molli  pour tomber carrément en début de nuit. Le moteur prendra le relais toute la nuit qui sera très calme.
Nous instaurons les quarts de nuit pour assurer une veille permanente durant ces premiers miles, car nous sommes encore susceptibles de trouver des bateaux de pêche, cargos ou autres voiliers prêt de ces côtes Capverdiennes.

Dimanche 01 décembre 2013.
Nuit calme, pas de bateau pouvant nous inquiéter.
SKREO est toujours à nos côtés, soit devant, soit derrière, soit sur notre bâbord ou tribord.
Toute la journée du dimanche nous serons en contact visuel avec lui.
Le vent est calme, mais nous pouvons avancer à la voile.
La mer est tranquille, ce que nous apprécions particulièrement.
Les habitudes commencent à s’installer entre les membres de l’équipage.
La fatigue et la tension du départ accumulées ces derniers jours retombe.
Petit à petit chacun trouve sa place dans l’équipage et dans cet espace restreint du bateau.
Par de longues siestes dans le cockpit ou sa cabine Pierre rattrape un manque de sommeil évident.
Rolland, comblé de faire faire partie de cette aventure et submergé par l’émotion qui ne faisait que grandir pendant la journée, s’épanche soudainement en remerciements et embrassades, les larmes aux yeux.
Irène et moi récupérons aussi par de longues siestes dans la journée.
La pêche est infructueuse ce dimanche malgré les deux lignes mises à l’eau.
Dans la soirée, nous perdrons SKREO de vue, puis l’AIS et la radio resteront muets à nos appels.
Bon voyage Loulou, Françoise, Christophe et François, nous nous retrouverons peut être en mer, surement de l’autre côté pour d’autres bons moments à passer en votre compagnie.
A la tombée de la nuit le vent tombe totalement et le moteur est à nouveau mis en route jusqu’au matin. Mer plate avec une grande houle tranquille.
Vers 3 heures du matin nous croiserons un cargo faisant route inverse, puis un voilier englué par le manque de vent. Un autre voilier certainement au moteur vu la vitesse annoncée par son AIS nous passera sur l’arrière à 2 miles.
Décidément, la nuit il y a du monde sur cette partie de l’océan.
Point à 15 heures : 109.4 nm en 24h
lundi 2 décembre 2013
Pas de vent, mer totalement plate, une grande houle d’Est anime toutefois cette immensité.
Petit déjeuner dans le Cockpit. Toilette par immersion totale au dessus de 5000 mètres d’eau. Une risée sur l’horizon et soudain Eole se met à souffler. 10 nœuds de nord, nous seront vent de travers, DIONYSOS se remet à vivre sous grand voile et genneker, 6.5 nœuds au loch.
Nous rattraperons certainement les moments de pétole et de moteur.
A 17 heures Pierre réveille l’équipage qui faisait la sieste, les deux lignes mises à l’eau dans la matinée viennent de signaler une prise.
La première se rompt très rapidement, le monstre accroché à l’autre bout disparait dans les abimes, notre rapala planté dans la mâchoire.
Après quelques minutes de combat, Pierre remonte à bord un poisson d’un mètre (mesuré) qui ressemble fortement à un barracuda, peut être un tazar ? Nous vérifierons en Martinique en montrant les photos.
Les filets préparés en cocote au four fera notre délice du repas du soir. Le reste de cet énorme poisson est coupé en tranches qui seront préparées au court bouillon pour les repas du lendemain.
Nuit calme, sans lune, 5 à 10 nœuds de vent du NNE, poussent DIONYSOS à 5 ou 6 nœuds vers sa destination. Cap au 283°.
Point à 15 heures : 101.3 nm en 24h


mardi 3 décembre 2013
Au matin le vent a encore baissé, plus que 3 à 5 nœuds, jusqu’à présent les fichiers météo sont justes. Nous devrions reprendre du vent à partir de mercredi.
Après le petit déjeuner, nous gréons et envoyons le spi qui redonne à DIONYSOS une vitesse de 4 nœuds, ce n’est pas terrible, mais nous avançons.
Nous manquons vraiment de vent dans cette première partie de la traversée. Souhaitons toutefois qu’Eole ne se déchaine pas trop dans les jours qui viennent.
Le spi restera gréé toute la journée, le temps n’évolue pas, et le vent reste calme.
Le soir venu nous remettons la GV à 2 ris et le genneker à poste.
Nuit calme.
Point à 15 heures : 106.3 nm en 24h


Mercredi 4 décembre 2013.
Même type de temps, 5 à 10 nœuds dans la journée, genneker à poste, GV à 2 ris pour ne pas perturber le genneker. Nous avançons quand même avec une moyenne journalière de plus de 100 miles.
La vie à bord est maintenant bien organisée. Chacun à sa tâche, la majeure partie du temps est consacrée à la cuisine ou à dormir. La vaisselle est faite à l’eau de mer dans le grand seau à veau, les toilettes sont aussi faites à l’eau de mer sur l’échelle de descente arrière. Lecture et musique. Chacun prend son temps, il n’y a rien d’autre à faire… Retour à l’état végétatif et aux besoins primaires.
Le repas du soir se terminera par quelques cerises à l’eau de vie préparées spécialement pour cette traversée par la mère de Marie.
Nous apprécions ces petits instants qui nous rattachent à la terre, aux parents et aux amis.
Tous les soirs nous faisons le point de notre avancée et le communiquons par Iridium à  mon frère  Gaby, qui le pointe, le diffuse sur le blog et retransmet les nouvelles à Chantal et Marie-Chantal, les épouses de Pierre et Rolland.
Point à 15 heures : 112 nm en 24h
Problèmes d’heures
Lorsque nous sommes partis de France, nous étions encore à l’heure d’été, c'est-à-dire l’heure universelle (UTC) plus 2 heures. Puis nous sommes passés à l’heure d’hiver, soit l’heure UTC plus 1 heure. A Gibraltar nous nous sommes mis à l’heure UTC, puisque Gibraltar est à l’heure de Londres. Au Cap-Vert, nous nous sommes mis à l’heure capverdienne, soit l’heure UTC moins 1 heure.
Mais maintenant au fur et à mesure que nous avançons vers l’ouest, cette heure capverdienne sur laquelle nous avons conservé nos pendules et nos montres ne veut plus rien dire.
En horaire d’hiver, il y a 4 heures en moins en Martinique.
Ici, il y a combien ?
Si nous voulons continuer à être en phase avec les heures de jour et de nuit, il faudra que nous changions empiriquement l’heure de notre pendule du bord et de nos montres tout au long de cette traversée.
Par contre, pour conserver une cohérence et une base logique de calcul du temps, tous nos instruments et le livre de bord sont conservé en heure UTC.
Ici, au milieu de l’océan, les heures ne veulent plus rien dire.
Tout le monde à saisi ???

jeudi 5 décembre 2013
Même temps, même vent, 5-6 nœuds plein arrière.
Le petit déjeuner pris, nous nous essayons à gréer le genneker et le génois tangonné, plus la GV à 2 ris. Le bateau roule moins sur la houle de 2 mètres qui nous arrive de travers, il est parfaitement équilibré et sa vitesse de plus de 5 nœuds. Nous restons ainsi jusqu’au soir ou nous reprendrons une configuration plus facile à changer si le vent ou la houle venait à monter.
Rien ne montera, au contraire, le vent tombe carrément durant la nuit. Les voiles sont difficiles à régler, raguant sans cesse sur les haubans. Nuit fraiche.
Pierre et Rolland feront le premier quart, Irène et moi le second.
Point à 15 heures : 108 nm en 24h


vendredi 6 décembre 2013
Même temps que la veille, 5-6 nœuds plein arrière. Les voiles restent moles, la vitesse désespérément basse, pour la première fois, nous aurons fait moins de 100 miles en 24 heures.
Vers 10 heures 30 une baleine, sans doute un petit rorqual est venu nous accompagner pendant quelques instants, passant même à quelques mètres de l’étrave de DIONYSOS pour disparaitre définitivement dans les profondeurs de l’océan, retournant nonchalamment à ses occupations journalières de baleine de l’Atlantique.
La vitesse du bateau est vraiment très basse, par manque de vent l’éolienne ne peut fournir l’énergie électrique dont nous avons besoin, nous devons mettre le moteur en fonctionnement pour refaire le plein des batteries.
Nuit calme sous génois tangonné et genneker.
Point à 15 heures : 87 nm en 24h


samedi 7 décembre 2013
Le jour se lève sur une autre belle journée. Ciel voilé.
Le vent est légèrement monté, nous gréons le spi qui nous propulse à près de 5 nœuds. Il y a longtemps que nous n’avons pas atteint une telle vitesse, le moral de l’équipage s’en ressent.
Aujourd’hui nous avons réalisé le 1/3 du parcours. Nous parions sur notre date d’arrivée. L’enjeu : celui qui en sera le plus proche se verra offrir le restaurant à l’arrivée.
Le Spi restera à poste toute la journée, à la tombée de la nuit nous hisserons le genneker et la grand voile à 2 ris pour une nuit tranquille.
Point à 15 heures : 99.8 nm en 24h

dimanche 8 décembre 2013

La nuit sera effectivement tranquille puisque la pétole s’installe à nouveau. Plus de vent, nous rentrons la GV qui bat dans la houle, et le genneker qui se dégonfle et se regonfle violement à chaque vague. Nous restons sous génois seul, à moins de 2 nœuds affichés. C’est déprimant, en plein milieu de l’océan, pas un souffle d’air. Au petit matin nous verrons les feux de 2 voiliers certainement au moteur. Ils nous dépasseront à bonne distance, un par notre tribord, l’autre sur notre bâbord.
Nous restons englués avec cette grande houle de nord-est qui nous ballotte en permanence, transformant DIONYSOS en métronome géant.
Les fichiers Grib pris à 10 h30 par Iridium sur le site de Navimail, prévoient un peu de vent à compter de ce soir, 20 nœuds à partir de mardi et mercredi.
Souhaitons qu’ils ne se trompent pas, mais que les fureurs d’Eole conjugués à celles de Poséidon nous épargnent et nous laissent tranquillement franchir les miles qui nous séparent des lagons et leurs cocotiers.
Point à 15 heures : 72.6 nm en 24h


lundi 9 décembre 2013
Le vent est effectivement monté durant la nuit, 8-10 nœuds de nord-ouest, accompagné de grains de pluie violente. DIONYSOS se comporte toujours aussi bien affrontant la houle qui s’est levée, elle aussi de nord-ouest.
Au matin le vent est encore monté, 10-15 nœuds, nous réduisons à 2 ris le  génois reste entièrement déroulé. La vitesse est encore honorable, 6 nœuds.
La houle traversière secoue le bateau et les déplacements sont redevenus difficiles. Chaque pas doit être calculé, les mains en permanence accrochées aux poignées.
Et puis, dans la journée le vent retombe.
Un bateau se présente à l’horizon sur notre arrière, toutes voiles dehors, il mettra une bonne partie de la journée pour nous dépasser à moins de 2 miles, nos routes sont similaires. Un contact en anglais nous apprendra qu’il vient des Canaries et se dirige lui aussi vers les Antilles. Nous le perdrons bientôt de vue dans cette mer formée.
Ballotée durant toute la journée, Irène qui ne se sentait pas bien durant l’après midi ne pourra retenir ses vomissements à l’heure du repas du soir, pourtant léger puisque composé d’une seule soupe de légumes.
La houle reste forte une bonne partie de la nuit pour s’aplatir sur le matin avec le vent qui tombera à moins de 3 nœuds. Le sommeil de l’équipage sera léger et entrecoupé, les corps allongés sur les couchettes devront se caler entre oreillers et sacs à voiles pour ne pas être ballotés.
Point à 15 heures : 81.4 nm en 24h

mardi 10 décembre 2013
Belle journée en perspective. Le vent est monté à 10 nœuds, la mer commence à se former. Nous gréons le genneker et remettons la grand voile haute. DIONYSOS repart à 6 nœuds.
A 11 heures, nous franchissons les 1000 miles faits.
Coincoin continue seul son voyage
Comme nous lui avions promis, nous relâchons COINCOIN au juste milieu de notre traversée, lui rendant sa liberté et le laissant poursuivre seul son voyage sur l’océan. Nous lui souhaitons bonne chance. Que les vents et courants le mènent vers de lointains rivages où il fera, nous l’espérons, la joie d’un enfant d’un pays du bord de mer. Nous espérons que la missive que nous lui avons confiée sera comprise et qu’une réponse lointaine nous sera faite.

Pour ces deux occasions nous ouvrons un bocal de foie gras préparé depuis longtemps avec l’aide de Jérôme et Marie, accompagné d’une bouteille de vin de Gaillac, cuvée Harmonie, cela s’imposait.
Et puis le vent c’est enfin levé comme le prévoyaient les fichiers météo.
Un vent de secteur nord-est, 15-20 nœuds, se renforçant durant la nuit à 20-25 nœuds.
Nous rentrons le genneker pour remettre le génois à 2 ris et la grand voile à 3.
La mer commence à monter, la houle, se lève aussi rapidement.
L’air est tiède.
Nous touchons les alizés par 16° de latitude nord.
Des alizés puissants qui nous propulsent vers notre destination à plus de 6 nœuds.
Point à 15 heures : 93 nm en 24h

mercredi 11 décembre 2013
Toute la nuit DIONYSOS a couru dans le vent des alizés, balloté par cette grande houle de 2 mètres à 2.5 mètres arrivant du travers arrière.
Le pilote tient bien son rôle, mais l’inconfort de l’équipage est maintenant permanent, pas un moment de répit.
La seule position pouvant paraître confortable est allongé sur la couchette, bien calé par des oreillers ou par les sacs à spi. Dormir et lire redeviennent la principale activité.
Par iridium, Pierre envoie un message à son épouse Chantal dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. Il avait préparé et peaufiné ce message depuis plusieurs jours, attendant le 11 décembre pour l’envoyer du milieu de l’océan.
Bon anniversaire Chantal, avec un peu de retard lorsque tu liras ce blog.
Le spectacle de cette grosse mer est toujours un spectacle fascinant, fait de crainte et d’admiration pour cette puissance qui n’est pas d’échelle humaine.
Ici l’homme et son bateau ne sont rien, n’existent pas, n’existent plus.
Seul un sillon, une trace dans la mer peu prouver son passage, mais ce sillon se referme très vite et plus rien ne subsiste.
Le temps même à perdu sa signification.
Mais vagues après vagues, miles après miles, jours après jours, le chemin parcouru s’étire et le but fixé sera bientôt en vue grâce à la pugnacité de l’équipage qui mène le bateau. 
Un frêle héron pique-bœuf est venu se poser quelques instants sur le pont instable de DIONYSOS, sans doute pris par les vents qui l’ont emmené loin de ses côtes, de ses bovins et des bestioles dont il se nourri. Sans doute trouvant DIONYSOS trop lent à son gout, il reprit son envol pour s’éloigner à grands coups d’ailes vers l’ouest et les iles des Antilles.
Si loin des côtes, son avenir semble bien compromis…Bonne chance à lui. 
Dans la soirée le vent monte régulièrement jusqu’à atteindre 25-30 nœuds. La houle a immédiatement suivie, rendant DIONYSOS des plus inconfortables.
Grand voile à 3 ris, génois enroulé à 2, le bateau file à plus de 6 nœuds.
Point à 15 heures : 132 nm en 24h


jeudi 12 décembre 2013
Toute la nuit le vent a soufflé à 25-30 nœuds, la mer est forte, l’équipage n’a pas pu se reposer confortablement.
La nuit sera agitée, et les changements d’amures fréquents.
Le jour se lève sur une mer forte, le déferlement des vagues sur notre arrière est maintenant permanent, certaines d’entre elles s’écrasent avec fracas sur la poupe dans un bruit impressionnant. DIONYSOS court toujours dans les vagues et l’alizé. Parfois une vague arrivant sur son arrière déferle avec force, envahissant le cockpit pour quelques instants. Tous les hublots sont fermés, la descente au carré est remise bien en place pour éviter qu’une de ces vagues mal éduquées ne s’invitent dans le carré sans y être invitées.
Profitant d’un moment d’inattention et du capot laissé ouvert quelques instants, une vague plus haute que les autres claque sur la poupe, envahit le cockpit, et rentre en cataracte par la descente et le hublot de la cabine de Pierre resté ouvert.
Nous passerons une bonne partie de l’après midi à vider les fonds de cette eau de mer et faire sécher matelas et linge.
La descente et son capot ainsi que tous les hublots resteront maintenant fermés. A l’intérieur la chaleur montera sous le manque d’aération.
Un temps bousculé, une folle embardée, et DIONYSOS reprend immédiatement sa route, il garde vaillamment son cap vers sa destination. Notre confiance envers lui ne fait que croitre, c’est un bon bateau sûr et marin passant parfaitement dans cette mer difficile.
Ces conditions dureront toute la journée, la houle atteignant parfois 4-5 mètres, les vagues qui déferlent sont encapuchonnées d’écume, juste en dessous l’eau est couleur menthe glaciale. C’est magnifique et grandiose.
Les fichiers météo prévoient ce type de temps jusqu’à la fin de la semaine, peut-être plus.
Point à 15 heures : 143 nm en 24h

Croisière dans les alizés :
Tous les prospectus, catalogues et récits relatent de tranquilles traversées transatlantiques, sous le soleil, rafraichies par un doux alizé d’est, toutes voiles dehors, spi bien gonflé à poste, de véritables croisières de vacances pour jeunes mariés. La jeune femme en petite tenue prenant nonchalamment le soleil sur la plage avant du bateau parfaitement rangé. A la barre le skipper chemise ouverte sur un corps bien bronzé, menant cet équipage vers les eaux bleues turquoise des lagons Antillais.
Et bien nous, ce n’est pas la traversée que nous vivons et avons vécu.
Preuve qu’elles ne sont pas toutes identiques et idylliques, ou qu’alors on ne nous avait pas tout dit.
Tout d’abord en début de traversée, pas de vent, ou très peu pendant une semaine, nous obligeant sans cesse à manipuler et régler les voiles, toujours  ballotés par une houle venue de dieu sait où…
Puis maintenant du vent force 6-7 beaufort, qui transforme DIONYSOS en machine à laver mode essorage 24 heures sur 24. A en croire la météo, ce mode de programmation devrait durer jusqu’à l’arrivée.
Fatigue des corps, fatigue des esprits, fatigue du matériel.
La moindre activité est éprouvante.
Les repas sont pris debout, appuyés au frigo ou à l’évier, dans les bols ou les moques, car rien ne tient plus sur la table du carré.
Se laver ou simplement assouvir des besoins naturels dans le petit cabinet de toilette est une épreuve physique.
Réaliser les tâches quotidiennes, et même dormir sont des défis aux lois de la gravité sans cesse changeantes dans cet espace en mouvement permanent.
Une traversée transatlantique n’est pas chose banale. Même si certains l’ont réalisé à ces âges plus qu’avancés, avec des bateaux moins biens équipés que DIONYSOS, à la rame ou par des moyens non conventionnels.
Une traversée de l’Atlantique se prépare, rien n’est joué d’avance, surtout pas les conditions  météo qui changeront immanquablement durant les 15 à 20 jours qu’elle durera.
Mais après toutes ces difficultés, ces souffrances, quelle récompense que de se retrouver sous le vent de la Martinique ou d’une de ces iles des Antilles, à l’ancre, dans un lagon aux eaux turquoises, ballotés mollement par le doux vent rafraichissant, sirotant dans un verre embué un tee punch tintant de glaçons. Comme sur les magasines…
Quelle récompense en perspective, nous en rêvons tous à mesure que l’arrivée se précise.
Quelle récompense de pouvoir dire enfin :
Nous l’avons fait.
Je l’ai fait.
Nous pouvons en être fiers.

vendredi 13 décembre 2013
Même temps que la veille, vent 20-25 nœuds d’Est, mer forte, houle 4 à 5 mètres.
Nous commençons à nous habituer à ce traitement fort inconfortable.
Plus question de lire à l’intérieur, la fatigue et le manque de sommeil se font sentir.
Durant la nuit, vers 1 heure du matin, nous croisons à moins d’un mile la route du voilier Scolopax. Nous l’avions remarqué à Mindelo accosté au quai principal de la marina.
Curieuse coïncidence que de croiser si prêt la route de ce bateau parti un jour après nous, qui avait fait du sud jusqu’au 12ème parallèle et le retrouver par 16° de latitude nord en route pour Saint Martin. L’océan est grand, mais les rencontres sont indubitablement possibles.
Le bimini et la capote sont retirés et rangés, il ne faudrait pas qu’une lame les détruise.
Point à 15 heures : 152 nm en 24h






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