C’à y est, le 18 novembre 2000 je vends le diamant à mon frère, et même si ce n’est pas au prix de l’or, j’en ai quant même tiré un prix raisonnable.
Mon rêve va pouvoir commencer. Depuis si longtemps que je rêvais de partir en bateau, à 46 ans je suis sur le chemin de la grande aventure maritime.
Avec Irène, mon épouse, nous avons donc commencé à errer sur les pontons des ports de la côte du languedoc. Le 19 novembre 2000, nous sommes allés à Gruissan où pour la première fois elle est montée sur un véritable bateau à voile.
Tout d’abord,
armé de mon journal d’annonces, la revue « bateaux », qui me
permettait de savoir à quoi peuvent bien correspondre et ressembler les noms
évocateurs de ces machines flottantes.
Le MELODY
Et puis il y
eu le premier DIONYSOS, un mélody construit en 1977 dans le chantier du
constructeur JEANNEAU, solide bateau en fibre de verre et résine époxy de 10 mètres 25 et près de 7
tonnes que je dénichais sur une annonce. Il nous attendait sur son support
métallique au port à sec de Martigues dans les Bouches du Rhône, propriété d’un
sympathique couple qui l’utilisait pour faire des plongées en Corse
l’été, il est en parfait état. Je l’achetais donc et passais du ciel à la mer
sans même savoir si je supporterais ce nouvel élément liquide que nous ne
connaissions pas.
Le 13 janvier
2001, en compagnie de Jean-Jacques, un ami Carcassonnais moniteur de voile et
PPV, j’allais prendre possession de ma nouvelle acquisition, pour la ramener au
port de Gruissan. Sans préparations particulière, armé de ma seule carte
aéronautique du secteur et d’un GPS basique prêté par mon frère, nous avons
entamé la traversée de près de 90 milles.
Le temps
était calme au départ.
Le canal de la Caronte, l’embouchure de
l’étang de Martigues toujours encombrée de gros navire arrivant ou repartant du
port de Fos, le tour des diverses cardinales protégeant les navigateurs et
leurs navires des bancs de sable de la Camargue, les incitant à rester au large de cette
côte très plate.
Jean-Jacques,
en marin confirmé ayant navigué en Atlantique et maintenant en Méditerranée,
donnait un cap, réglait les voiles, avec assurance et sans précipitation
aucune.
Il semblait
savoir ce qu’il faisait et où il allait, alors j’en étais rassuré, savourant
l’air de la mer et les embruns de l’aventure que je respirais et gouttais pour
la première fois du pont de mon bateau.
Puis comme
toujours en Méditerranée le vent s’est levé.
Un fort vent
de Nord-est poussait DIONYSOS vers son nouveau port.
Sur notre
droite, notre tribord, le phare de Faraman nous accompagna une grande partie de
la nuit, puis il se fit de moins en moins visible sur l’horizon, et ce fut
celui de Sète qui nous guida le reste du voyage. Quelle invention ces
phares ! Lumières dans la nuit qui rassurent et guident les navigateurs
dans cette immensité noire de la mer.
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Le carré refait à neuf |
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La table à carte presque complète
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Un MELODY en superbe état |
Vers 2 heures
du matin, par une nuit sans lune et un vent de nord-est qui commençait à lever
une bonne houle, nous arrivons devant notre port de destination. Les voiles
sont repliées, le moteur mis en marche. Mais au moment de rentrer dans la passe
que font les deux digues de protection, le moteur s’arrête. Jean-Jacques, très calmement donne un coup de
barre qui nous éloigne à nouveau de l’entrée, et dit tranquillement :
- Pas grave, nous rentrerons à la voile !
- Pas grave, c’est toi qui le dit, avec un
moteur en panne…, à la voile…, la nuit…, un bateau inconnu…, un port inconnu…,
avec du vent qui nous pousse…, je ne voudrais pas voir mes économies se
fracasser sur les rochers de cette fichue digue, d’ailleurs, il me semble que
tout à l’heure elle était beaucoup plus large… !!
La grand
voile est remontée, pas en entier, un petit bout de génois, l’étrave est à
nouveau pointée sur le passage étroit de l’entrée du port, un peu bousculé par
une vague traitresse au passage de la digue, et DIONYSOS rentre sagement dans
cette passe matérialisée par ses feux vert et rouge qui me paraissait si
étroite quelque temps plus tôt.
S’en suit un
grand calme dans cet immense avant port au chenal balisé de l’étang du Grazel
qui fait près d’un mille et demi de long avant d’atteindre le port.
DIONYSOS
glisse, oui il glisse, sur ce lac à peine ridé, poussé par un bon vent de
nord-est avant d’arriver devant la capitainerie ou une savante et magnifique
manœuvre d’un demi tour face au vent le colle littéralement contre le quai, tranquillement,
sans heurt. Nous sommes arrivés.
DIONYSOS est
maintenant chez lui, nous allons maintenant pouvoir faire connaissance.